samedi 17 février 2018

LES TROIS PETITS COCHONS - Fiction



C'est l'histoire de trois petits cochons qui, s'ennuyant dans leur nouvelle maison, décidèrent un jour de s'attaquer aux habitants de leur village. Juju, Yoyo et Dada cherchaient un dérivatif à leur ennui, le travail qu'ils étaient contraints d'accomplir ne leur plaisait pas plus que çà et ils tournaient en rond dans leur grande et belle maison. Celle-ci se trouvait sur la place principale du village, elle était bâtie en pierre blonde de la région et dotée de formidables colonnes qui imposaient le respect. Ils avaient un peu magouillé pour s'y installer, virant l'ancien locataire à force de promesses toutes plus farfelues les unes que les autres faites aux villageois. Ils affirmaient pouvoir les débarrasser du grand loup rouge qui demeurait tapi à l'orée du village, prêt à investir la grande maison qu'il guettait désespérément depuis plusieurs dizaines d'années. 

Le loup rouge était un peu une légende sur les bords du fleuve, il avait eu son heure de gloire et instauré la paix dans le village, mais un renard rusé avait réussi à le faire partir et à s'installer dans la maison pendant de nombreuses années. Le renard avait en quelque sorte préparé le terrain pour les trois petits cochons, bien sûr ce n'étaient pas ses meilleurs amis mais ils partageait de nombreuses pratiques, entre autres le goût des fausses promesses et un baratin qui vous mettait la tête à l'envers ! A présent les trois petits cochons devaient prouver qu'ils s'occupaient un minimum du village, aussi se lançaient-ils dans des travaux improbables et coûteux qui dépassaient leurs compétences, s'acharnant à détruire pour reconstruire, à arracher les arbres centenaires pour en replanter d'autres, trop chétifs pour faire de l'ombre, saccageant les plus beaux endroits du village pour en inaugurer les trous et les ruines à grand renfort de pattes serrées et de nouvelles promesses... Soucieux de partager leurs croyances, ils avaient installé dans la cour de la grande maison une sorte d'autel dédié à leur idole et engageaient les villageois à l'admirer, se souciant peu que certains d'entre eux ne soient pas concernés par leur culte et ne veuillent pas s'y conformer. Petit à petit ils pénétraient ainsi dans l'intimité des villageois et ordonnançaient leurs vies, chassant les anciennes habitudes pour imposer les leurs. Ils se plaisaient régulièrement à organiser des fêtes dispendieuses auxquelles n'assistaient que les anciens qui se trouvaient flattés d'être désignés comme un public averti. Les jeunes villageois n'étaient pas contents de leur travail, ils voulaient améliorer la vie dans leur village mais ne savaient pas comment les chasser de la maison. Inquiets, mais pas certains de ce qu'ils devaient faire, ils ne faisaient pas trop de bruit et menaient leur petite vie tranquillement en gardant un œil sur les trois petits cochons. Festifs dans l'âme, ils profitaient des fêtes à la belle saison pour courir après le cul des taureaux venus de toute la région pour les narguer et les divertir, se disant qu'après tout cela ne les engageait à rien.

Et puis un matin, sans que l'on sache bien pourquoi, Juju, Yoyo et Dada décidèrent d'attaquer la cantine du village. Ils réunirent leurs troupes et ils marchèrent sur ce lieu mythique où se rassemblaient les villageois et leurs enfants, l’œil menaçant et la queue en tire-bouchon, plus gris que roses sous l'effet de la méchanceté, en grouinant d'horrible manière. Ils pénétrèrent avec fracas dans les lieux, effrayant les petits et alarmant les grands, chassèrent brutalement les gentilles souris qui faisaient le service, renversant sur le sol les plats goûteux et variés qui flattaient les papilles des villageois les plus exigeants. Les mets délicats venus d'autres villages, et parfois de très loin, jonchaient les sol, et les gardes armés des trois petits cochons maintenaient un cordon de sécurité pour empêcher les enfants de les ramasser pour les consommer. Les petits pleuraient pendant que leurs parents essayaient désespérément d'entamer le dialogue avec les trois petits cochons, mais Juju, Yoyo et Dada montraient enfin leur vrai visage et leur riaient au nez en refusant de leur répondre. Ils décrétèrent que désormais ce serait ainsi et pas autrement. Ils occuperaient la cantine chaque jour de la semaine et les villageois qui ne voudraient pas consommer le plat unique qu'ils leur feraient servir devraient rester chez eux. Certains villageois tentèrent de leur expliquer que les petits s'attristeraient de ne pouvoir partager le repas de leurs camarades et leurs jeux, mais eux-mêmes n'ayant pas de petits ils ne comprirent ni n'écoutèrent les doléances. Pire encore, au bout de quelques semaines ils instaurèrent une loi qui interdisait aux villageois venus d'autres villages et à leurs familles d'entrer dans la cantine.

Dans la foulée les trois petits cochons décidèrent de construire un mur tout autour du village, et placardèrent sur les portes des maisons une sorte de charte rédigée à la hâte, interdisant aux villageois d'ouvrir leurs foyers à ceux qui ne vivaient pas au village. De partout on vint se presser devant l'immense grille d'entrée du village, brandissant des offrandes pour obtenir le passage, mais Juju, Yoyo et Dada refusaient toute intrusion et se contentaient de narguer les visiteurs depuis les fenêtres de la grande maison. Les villageois s'inquiétaient pour l'avenir de leurs petits, ils n'avaient jamais vécu ainsi, coupés du monde extérieur... Des affrontements éclataient à tout moment, réprimés par la garde de sécurité qui patrouillait jour et nuit dans les ruelles du village, menaçant et châtiant sans relâche et sans compassion quiconque se trouvait sur leur passage. 

Il vint un moment où les villageois n'en pouvaient plus de vivre ainsi et décidèrent d'agir. Ils unirent leurs forces et se réunirent devant la grande maison pour interpeller les trois petits cochons. Mais forts de leur ascendant entretenu par la peur, et certains de n'avoir rien à craindre, Juju, Yoyo et Dada fermèrent toutes les fenêtres pour ne plus avoir à les entendre. Alors il vint aux villageois une formidable idée pour s'en débarrasser à tout jamais ! Puisqu'ils se refusaient à quitter la grande maison qui, après tout, ne leur appartenait pas, ils les y enfermeraient. Aussitôt dit aussitôt fait, ils ramenèrent des pierres et du mortier et entreprirent de monter des murs devant chaque porte et chaque fenêtre, ne leur laissant qu'une toute petite partie de la belle grille d'entrée de la cour pour respirer. En moins de temps qu'il n'en faut pour vous le raconter les trois petits cochons se retrouvèrent prisonniers, piégés à l'intérieur de la grande maison de pierre blonde qu'ils pensaient leur appartenir. Ils résistèrent un peu, pas très longtemps, car finalement ils n'étaient pas très courageux et ne purent supporter de vivre ainsi enfermés. Alors ils supplièrent les villageois de les laisser partir et ceux-ci les libérèrent et les conduisirent très loin de leur village avant de les perdre dans une immense forêt pour s'assurer qu'ils ne reviendraient plus jamais.

Cette histoire finit bien, les villageois abattirent le mur d'enceinte, rétablirent la cantine dans ses anciennes pratiques, détruisirent l'autel sur lequel trônait l'idole des trois petits cochons, et ouvrirent les portes de leurs maisons à tous les habitants des villages environnants. Pendant près d'un mois une grande fête célébra le départ des trois tyrans et la joie de vivre reprit ses droits. Mais après la fête vint le temps de s'interroger sur l'avenir du village et de décider qui s'installerait dans la grande maison sur la place. Le grand loup rouge et le renard rusé pointèrent le bout de leur museau, quelques nouveaux venus distillèrent leurs fallacieuses promesses, il fallait tout reconstruire et l'avenir s'annonçait incertain... Nul ne sait à ce jour quel fût le choix des villageois, mais il y a fort à parier qu'ils cédèrent à nouveau au chant des sirènes. Le point faible des villageois étant leur fâcheuse propension à donner foi aux beaux parleurs, leur avenir se jouera comme toujours sur un improbable coup de dé. Mais ils seront contents, ils auront joué.

La morale de cette histoire c'est que l'on peut vivre de terribles épreuves et faire de mauvais choix, rien n'indique que l'on ne recommencera pas. Et les trois petits cochons guettent patiemment le bon moment pour revenir.


lundi 5 février 2018

CHAMPAGNE !!!


Champagne ! Mettez vos habits de lumière, ressortez les paillettes, aiguisez vos canines, préparez votre foie, pendant les semaines à venir ce sera fiesta ! Le maire paie sa tournée, on se lâche ! Non ce n'est pas une blague. Certes cela y ressemble, et le visuel de communication pondu par les identitaires de la communication nous ramène gentiment aux années 70, mais c'est très sérieux. Vous remarquerez que j'ai pris la peine d'améliorer ledit visuel pour qu'il transmette un message sans équivoque aux beaucairois et réconforte les patriotes qui ne manqueront pas de se presser dans les salles pour entendre leur idole. Non ce n'est pas Johnny, le pauvre n'est plus, mais avec un blouson de cuir et des lunettes de soleil le maire fera illusion.

Pourquoi cette tournée ? Pourquoi maintenant ? Tout simplement parce que dans un louable souci d'unité notre maire entend rencontrer les beaucairois dans les semaines à venir. Je vous entends d'ici chuchoter des horreurs et dénigrer cette action politicienne du plus bel effet, mauvais esprits que vous êtes ! Accordez-lui un peu de crédit et saisissez cette occasion unique d'apercevoir votre premier magistrat, il se fait rare ces temps-ci... Qui sait ? Peut-être aurez-vous la chance insigne de lui parler en tête à tête, et si vous ne le froissez pas d'emblée (attention c'est un être hyper sensible !) sans doute répondra-t-il à vos questions. Vous en avez tellement ! Et vous verrez, la réponse est tellement plus simple que tout ce que vous pouvez imaginer, car en vérité rien n'est de sa faute. Comment serait-il responsable de quoi que ce soit puisqu'il n'a rien fait ? L'Etat, les méchants opposants, l'horrible présidente de région, la CCBTA, la population d'origine étrangère qui refuse de quitter Beaucaire et qui fait tâche sur sa carte postale Provence Camargue, tout le monde lui en veut et personne ne l'aime...

Courageusement, Julien Sanchez fait front (oui elle est facile !) et s'aventurera donc dans nos quartiers pour opérer un subtil rapprochement avec la population beaucairoise, histoire de se rappeler au bon souvenir de ses potentiels électeurs. Il y a fort à parier que la franchise des échanges sera fortement orientée vers un panégyrique aussi long que répétitif du premier magistrat de notre ville, éloge qu'il se fera à lui-même ainsi qu'il nous y a habitués en conseil municipal à longueur d'année. J'aurais pu intituler ce billet "Julien fait...", mais comme à vrai dire il n'a pas fait grand-chose le sujet manquait par trop de ressort. Lui bien entendu vante ses propres mérites, et s'il faut en toute honnêteté lui en reconnaître quelques-uns ils n'ont aucun rapport avec Beaucaire.

Voyons un peu ! En bientôt quatre ans de mandat, qu'a fait Julien Sanchez concrètement pour notre ville ? Ah oui ! Il a baissé les impôts de quelques centimes d'euros, soit "peanuts" pour les portefeuilles des beaucairois, et il a lancé des études. Il aime bien les études, cela fait sérieux de faire réaliser une étude pour tout et pour rien. Sinon j'ai beau chercher... Il met en avant la réfection des travaux du quai de la Paix qui durent depuis deux ans et sont très loin d'être terminés, d'ailleurs avait-il fait faire une étude pour ce projet ? Parce que au vu du résultat on ne félicitera pas le cabinet qui s'en est chargé ! Il faut dire que son truc à lui c'est l'action sans concertation. Il aime tellement çà, décider tout seul, imposer sa vision (?) de notre ville passée par le prisme déformant du Front National. Il choisit, il tranche, il pique sa crise si quelqu'un ose le contredire ! Et puis monsieur le maire a la folie des grandeurs, il veut laisser son empreinte dans l'histoire de Beaucaire comme l'ont fait certains de ses prédécesseurs, mais n'est pas José Boyer (qui a fait entrer Beaucaire dans le XXème siècle) ou Jean-Marie André (auquel on doit l'aménagement actuel du canal) qui veut. Quoiqu'il ait sans conteste de nombreux points communs avec ce dernier ! Les projets fleurissent, un quartier Sud Canal "majoratif" (ne cherchez pas, c'est un terme comptable) sans commerces et sans services de proximité (il ne faut pas risquer un mixage des populations) un Palais des Congrès, des lotissements d'habitat individuel, un lycée d'enseignement général, la réouverture de l'écluse... Ah non ! C'est vrai que là c'est mort, l'écluse est comblée (merci VNF, une fausse promesse de moins pour les prochaines municipales) avec quelques parasols et trois palmiers nous aurons l'impression de vivre en bord de mer... N'oublions pas les écoles pour lesquels Julien Sanchez n'en finit pas de réaliser des études de réfection qui n'aboutissent jamais à des travaux, les cantines scolaires qui... Ah non, pardon ! Pas les cantines, c'est un sujet qui fâche. Vous l'aurez compris, la liste n'est pas exhaustive.

En cherchant bien j'ai tout de même trouvé deux trois trucs réalisés par le maire. Si, si ! Par exemple :

  • la crèche qu'il prend soin d'installer chaque année dans la mairie (il réfléchit à une nuit du Ramadan en contrepartie) 
  • la vidéo dans laquelle il exprime si délicatement sa position contre le dispositif ELCO
  • la formidable tribune contre les allophones qui est ni plus ni moins qu'une envolée lyrique ponctuée du "Allô ! Non mais allô quoi !" tellement tendance
  • le renforcement des effectifs de notre police municipale qui s'enorgueillit de posséder désormais 2 vélos et 1 chien ! Pauvre bête... 

Et tout le mal qu'il se donne pour punir les dérives coupables des opposants, châtiant à coup de communiqués la liberté d'expression des uns et les choix politiques des autres, brandissant le drapeau et la Marseillaise à tout moment, passant de l'écharpe tricolore à la quête pour SOS Chrétiens d'Orient, endossant chaque fois que nécessaire l'habit qui le fera moine. Ou prédicateur, c'est selon. Quel admirable tempérament que le sien, n'est-ce pas ? Notre maire c'est l'homme orchestre, il sait tout faire !

Alors Julien Sanchez serait-il un paresseux ? Certes non ! Il bosse avec acharnement, mais surtout pour son parti politique pour lequel il se crève à la tâche, payant de sa personne avec abnégation et sacrifiant probablement sa vie personnelle pour porter la bonne parole chaque week-end dans nos belles provinces. De là à imaginer que la SNCF lui aurait octroyé une carte Grand Voyageur Star + (accrochez-vous pour l'obtenir !) il n'y a qu'un pas... A moins que ce ne soit Total qui gratifie ses chauffeurs de tellement de points de fidélité qu'ils pourront bientôt racheter un paquet d'actions du groupe... Oui parce qu'il faut vous dire que notre maire n'a pas son permis de conduire. A trente quatre ans c'est quelque peu handicapant, mais sans doute n'a-t-il jamais pris le temps de s'y consacrer, trop pris par ses engagements politiques depuis son adolescence. Il y a des gens comme çà, qui entrent en politique comme on entre au couvent, la différence c'est que ceux-là s'épargnent de faire vœu de pauvreté en cumulant les mandats et les rémunérations confortables qui vont avec. Nous sommes si peu de choses, il faut bien vivre...

Info de dernière minute
On m'informe qu'on aurait vu un squelette rampant le long du nouveau mur de Berlin, pardon du canal ! Il chercherait désespérément la voie cyclable... #sanscommentaire

Notes
José Boyer (1913-2004) a fait entrer Beaucaire dans le XXème siècle
Sous ses différents mandats (1959-1983) furent réalisés notamment les réseaux d'adduction d'eau (l'eau courante aux étages !) et d'assainissement, plusieurs écoles (la dernière: La Moulinelle, en 1979), les Centres Aérés, l'Ecole Municipale de Musique, la Bibliothèque, la Piscine, la Halle des Sports, la Zone Industrielle Sud...