dimanche 28 mai 2017

DU MYSTÈRE DE LA GROSSIÈRETÉ


De tous les mystères qui parsèment nos vies, il y en a un que j'ai vraiment à cœur d'éclaircir. Vous me direz qu'il est de moindre importance comparé à l'au-delà, la vie après la mort, l'existence de Dieu, la conception et la naissance des enfants, la crise d'adolescence, l'orgasme... Mais à bien y réfléchir cela tient un peu de la crise d'ado et beaucoup de l'orgasme pour les concernés. A savoir ceux qui entretiennent ce mystère. Pour moi qui tente de l'élucider, cela s'apparente plus à une crise d'urticaire.

Je vous explique ! Je me définis volontiers comme "un grossier personnage", j'émaille depuis toujours mon langage de quelques jurons bien sentis au grand désespoir de mes proches qui ne sont jamais parvenus à me faire passer cette mauvaise habitude. C'est ma façon de m'exprimer, ma petite note de révolte contre la société ! Mais je n'en oublie pas pour autant la très bonne et très stricte éducation que j'ai reçue et que j'ai eu à cœur de transmettre à ma fille. Ce que j'ai parfaitement réussi. Je l'ai élevée notamment dans cette certitude qu'elle n'avait absolument aucun droit de parler comme moi, et je suis fière de pouvoir affirmer qu'en cela elle ne me ressemble en rien. Car soyons clairs, savoir s'exprimer dans un langage châtié vous ouvre des portes que le contraire vous claque en pleine figure. Il en va de même pour l'expression écrite de notre belle langue, laquelle est semée de tant de pièges que certains ne s'efforcent même pas de les éviter. Il est fort pénible d'avoir à lire sur les réseaux sociaux, et parfois même à déchiffrer, des commentaires ou des posts rédigés dans un français approximatif d'où toute syntaxe basique a mystérieusement disparu. Et ne parlons même pas de l'orthographe déplorable et d'une grammaire aux abonnés absents... Précisons que savoir s'exprimer correctement dans sa propre langue n'est pas l'apanage de ceux qui vont jusqu'au baccalauréat ou bien au-delà, les bases en étant enseignées dès le primaire elles sont censées être acquises avant l'entrée au collège. Nous en sommes très loin, et en rejeter systématiquement la faute sur le système, en l'occurrence l'Education Nationale, reviendrait à déprécier le travail des instituteurs. Ce que je ne ferais pas, car en-dehors de l'école l'éducation est affaire à parts égales d'environnement familial et de travail. Et là c'est encore un autre problème.

Mon propos est tout autre. J'aimerais que l'on m'explique pourquoi la majorité des militants et sympathisants d'extrême-droite, et plus particulièrement du Front National, ne sont pas capables d'aligner deux phrases dans un français correct et poli. Pourquoi leur est-il impossible d'échanger tout simplement, sans agresser et sans insulter l'autre ? Si nous, qui visiblement avons le don de les faire sortir de leurs gonds quoique nous disions ou fassions, pouvons échanger en veillant à les respecter, pourquoi n'y parviennent-ils pas également ? Il s'agit là d'un mystère, un vrai. Je ne songe nullement à remettre en cause leur niveau d'études, mais celui de leur éducation certainement ! Par éducation j'entends cet ensemble d'usages sociaux qui régissent la vie en société, ce qui inclut nos actions et nos propos. Toutes choses qui ne sont pas liées à une origine ou un niveau social et qui forment ce que l'on nomme "une bonne éducation". Nous apprenons à nos enfants les règles basiques de la politesse dès qu'ils savent parler, mais il semble que ces personnes aient tout oublié de ce que leurs parents à n'en pas douter leur ont inculqué. Devenus adultes, ou pensant l'être, ils s'estiment dégagés de toute obligation de respect envers quiconque ne partage pas leurs idées. 

Je vous vois d'ici levant les bras au ciel et invoquant la foudre pour me dissoudre sur place, mais je fonde cet inquiétant constat sur l'expérience que nous, militants citoyens, vivons au quotidien. Il est aisé de démontrer qu'au sein des mouvances d'extrême-droite l'injure et l'agression, écrites comme verbales, ont force de loi. Cela, et cette incroyable faculté de retournement des situations pour aboutir à une victimisation systématique d'eux-mêmes comme de leurs idoles, en disent long sur ce qu'est réellement cette base militante que Marine Le Pen prétendait avoir muselée pour accéder au pouvoir. Mais lorsque ces écarts de langage et cette violence, verbaux comme écrits, sont l'apanage de leurs élus, comment reprocher à leurs électeurs de calquer leur comportement sur le leur ? 

Je le constate chaque jour, rien n'a changé au Front National, et certainement pas ses militants. Dans nos villes tombées aux mains de ces jeunes loups ambitieux leur parole fait foi. Quoiqu'il se passe, et même le pire, les militants refusent les faits et vous bombardent d'insultes, de propos discriminatoires et sexistes, de menaces et de charmantes invitations à déménager. Ce que je ferais sans doute un jour, mais pas dans l'immédiat. J'ai encore quelques mystères à percer, et quelques dents à faire grincer... Veuillez m'excuser, je serai pour les trois années à venir trop occupée pour faire mes cartons.

samedi 27 mai 2017

CRISE DE NERFS POUR UNE PAELLA

Julien Sanchez nous avait habitués à perdre ses nerfs lors des conseils municipaux, mais en public il veillait toujours à lisser son image et dispenser cette urbanité qui fait partie de son personnage. C'était sans compter sur l'excitation inhérente à notre Foire de l'Ascension ! Couplée à celle d'une période électorale propre à booster les moins énergiques, elle a fait sauter les barrages et donné aux beaucairois de la rue Nationale un aperçu très négatif de la personnalité de notre maire.


Pour les commerçants de Beaucaire cette journée est une source de revenus non négligeable, ils tablent sur une consommation accrue de leurs produits et bien souvent cela donne aux plus petits le coup de pouce dont ils ont besoin pour continuer. C'est le cas de l'Atelier Pizza, situé rue Nationale, qui avait annoncé une paella géante, un plat dont les touristes et les beaucairois raffolent, synonyme par excellence de convivialité et de détente, et qui se vend bien. Installée sur le trottoir devant la vitrine du commerce, la paella embaumait le voisinage immédiat et les commandes commençaient à affluer quand la Police Municipale a débarqué. Le restaurateur était certes en tort pour n'avoir pas demandé d'autorisation pour installer son paello sur le trottoir, mais les policiers municipaux ont mis en avant le risque encouru avec la bouteille de gaz sans prendre la peine de vérifier qu'il y avait bien un extincteur à portée de main et ont insisté pour qu'il termine sa cuisson à l'intérieur de son local. Hors il faisait tout de même dans les 34° et je vous laisse imaginer quel enfer cela aurait été ! Puis ils ont pointé la petite terrasse installée également sur la portion de trottoir devant la pizzeria, à laquelle étaient attablés quelques gamins du quartier en train de se restaurer. Néanmoins tout se passait calmement, le commerçant négociait avec la Police Municipale pour terminer sa paella à laquelle ne manquait que 10 à 15 minutes de cuisson...


C'est alors que Julien Sanchez est arrivé, flanqué de Yoann Gillet et Jean-Pierre Fuster qui faisaient campagne sur le parcours de la Foire comme tous les autres candidats aux législatives. Le trio était accompagné de personnes de moindre importance, dont le photographe de la mairie, lesquels se sont régalés du spectacle. Car c'est de cela qu'il s'est agi, un spectacle de rue de médiocre qualité aux dialogues grossiers à connotation raciste. Peut-être que cet incident aurait pris une autre tournure si certains ne s'en étaient pas mêlé, mais pris à parti par un beaucairois connu pour son parler un peu vif, le maire a réagi sans nuances "Ne me faites pas chier !" et de là les choses ont dégénéré... Yoann Gillet commentant "Putain ils font chier ces cons !" pendant que Jean-Pierre Fuster refusait de dialoguer en justifiant "On peut pas vous parler à vous autres !" et que le maire balançait avec une grande délicatesse "On n'est plus chez nous, on se croirait au bled"... Une commerçante voisine, choquée par tant de grossièreté, a fait remarquer au maire "Mais c'est quoi tous ces gros mots ? Vous ne nous avez pas habitués à ça !" mais cela n'a pas eu l'heur d'émouvoir Julien Sanchez, lequel a rétorqué que c'étaient "eux" qui lui avaient mal parlé en pronostiquant "Bientôt ils viendront tous se baigner dans vos piscines ! Vous ne viendrez pas pleurer !"... Quelques-uns parmi nous lui ont fait remarquer qu'il fallait bien que les commerçants travaillent, que la bouteille de gaz ne présentait pas plus de risque rue Nationale que sur le parcours de la Foire, mais ni lui ni Yoann Gillet, et encore moins Jean-Pierre Fuster qui est tout de même adjoint au commerce ! n'en avaient rien à faire.

Donc pour résumer, Julien Sanchez n'a pas su maîtriser ses nerfs, il a insulté un administré, proféré des remarques ouvertement racistes, et piqué sa crise en public, rouge de colère. Avec le soutien de son directeur de cabinet qui a estimé son écart de langage normal au vu de ses interlocuteurs ! Il est vrai que les injures publiques cela le connaît, il a même été condamné pour çà en octobre et avril 2016. Le seul qui ait gardé son calme pendant toute la durée de l'incident c'est le commerçant incriminé, il s'est adressé à Julien Sanchez et aux policiers municipaux avec politesse et sang-froid, et a obtempéré en terminant la cuisson de sa paella dans un garage aimablement ouvert par des voisins solidaires. Il a tout de même obtenu de garder sa terrasse pendant l'heure du déjeuner... Pour finir il n'a pas perdu d'argent mais n'en a pas gagné, cette journée ne lui aura donc pas rapporté un centime. 

Lorsque l'on sait que chaque année pour le jeudi de l'Ascension il y a depuis des années une tolérance pour les petits commerces qui sortent une terrasse ce seul jour de l'année, que par ailleurs de grands plats conviviaux sont cuisinés en extérieur par les restaurants situés sur le parcours de la Foire, il semblerait logique que la municipalité autorise par arrêté municipal cette pratique dans toute la ville afin de favoriser l'expansion des petits commerces. Mais c'est justement là où le bât blesse ! La municipalité ne cherche nullement à aider ces commerçants pour la plupart d'origine maghrébine, son seul souhait est qu'ils mettent la clé sous la porte et dégagent de la ville. L'Atelier Pizza n'avait pas demandé d'autorisation, conscient qu'il ne l'aurait pas obtenue. Il fait partie des six commerçants qui ont porté plainte contre Julien Sanchez suite aux deux arrêtés de juin 2015 pour "entrave à l'exercice d'activité économique par dépositaire de l'autorité publique à raison de l'origine, l'ethnie ou la nationalité", une bataille qu'ils ont remportée au tribunal administratif de Nîmes le 21 avril dernier et que la mairie s'est employée à passer sous silence. Symboliquement le message envers le maire Front National de Beaucaire est fort, il semble qu'il l'ait entendu puisqu'il n'a pas publié d'arrêté du même type cette année, échaudé par sa première tentative. Le tribunal a été clair, les précédents arrêtés n'étaient ni justifiés ni proportionnés. Dont acte.


Visiblement, verbaliser ce commerçant ne suffisait pas à étancher la colère de Julien Sanchez, il lui a fallu grossièreté et propos racistes pour se calmer et passer son chemin. Cela n'est pas digne d'un élu, lequel se doit de garder son sang-froid face à ses administrés et à tout le moins ne pas les insulter. Où allons-nous si nos élus se permettent de dire n'importe quoi à n'importe qui ? Julien Sanchez, Yoann Gillet et Jean-Pierre Fuster se doivent d'appliquer à eux-même les préceptes éducatifs qu'ils exigent de leurs interlocuteurs. Mais on a l'insulte facile à l'extrême-droite, bien trop facile ! Et la langue de bois bien pendue pour endormir les électeurs. Cela nous l'avions constaté lors des conseils municipaux, il est déplorable d'en faire le constat dans nos rues.