mercredi 15 mars 2017

TOUCHE PAS A MON JOUET !


Il faut reconnaître aux conseils municipaux de Beaucaire, en sus d'un déni de démocratie redondant, le mérite de nous faire découvrir de temps à autre de nouvelles facettes du maire et de ses élus. Prenez celui de ce soir par exemple, il fût fertile en émotions diverses et fort instructif. Après l'exercice long et pénible consistant à écouter les affabulations de notre premier magistrat qui semble croire que nous ne savons ni lire ni compter, nous avons appris à nos dépens, au détour d'un incident mineur, que Julien Sanchez n'aimait pas prêter ses jouets. Si je l'osais je dirais que c'est là un comportement typique d'enfant unique peu ou mal sociabilisé, auquel on n'a pas appris les vertus du partage. Mais bien sûr cela ne concerne pas notre maire qui n'a gardé de l'enfance que cette fâcheuse tendance au caprice qui ambiance fâcheusement les conseils municipaux.

Il faut avouer que le nouveau jouet en question, brillant de propreté et d'une transparence devenue fort rare en politique, semblait en tous points conçu pour notre premier magistrat. Du sur mesure en quelque sorte, comme certains costumes qui font beaucoup parler d'eux ces temps-ci... Doté d'un superbe micro élégamment incliné pour boire les paroles du maître à penser de notre majorité municipale et nous les restituer à l'intonation près, le pupitre faisait son petit effet et donnait furieusement envie d'y monter pour haranguer les foules. Ne manquait que le tapis rouge pour lui donner des allures de tribune présidentielle ! Seul, abandonné à la vindicte des élus ambitieux, l'objet de tous les désirs a vécu des instants que nous supposons atroces quand Christophe André a tenté par deux fois de de l'utiliser, provoquant l'ire de notre maire et une suspension de séance de quinze minutes à chaque tentative. La troisième fois Christophe André a voulu cette fois se mettre face au public et aux élus pour s'adresser à eux et là le gentil Julien, qui n'avait pas décoléré de l'outrage subi par son nouveau jouet, a de nouveau suspendu la séance. Lors de la reprise il nous a fait bénéficier de sa très discutable expérience d'opposant modèle au Conseil Régional, suscitant des réactions outrées d'un public qui s'intéresse en priorité à Beaucaire. Ce qui semble-t-il n'est pas son cas puisqu'il nous gratifie en toute occasion de son inévitable discours politique ciblant tout sauf notre ville, laquelle joue uniquement son rôle de repoussoir pour le propulser sous les projecteurs des grandes scènes du théâtre politique. Et si la comédie est d'évidence son point fort l'exercice de la démocratie locale visiblement ne lui suffit pas pour exprimer l'étendue de son talent ! Certes le costume parait taillé sur mesure pour le suivre dans ses ambitions, mais il est clair qu'il s'y sent très à l'étroit. L'excitation des échéances électorales grandit, et l'homme hélas n'a pas encore suffisamment d'étoffe pour suivre le mouvement. Ainsi il se perd dans des homélies dignes des voûtes de notre collégiale, mais si peu convaincantes qu'il lasse son public peu impressionné par des effets de manche empruntés à ces avocats qu'il côtoie si souvent qu'il finit par s'en inspirer... Il est à fleur de peau, nerveux, la moutarde lui monte vite au nez et il ne se contrôle pas autant qu'il le devrait face à l'adversité. Ce soir il aurait pu se contenter de faire expulser l'élu d'opposition à l'origine de l'incident, mais il a réclamé le huis-clos pour se débarrasser des opposants du public et de cette presse honnie qu'il vilipende à longueur de conseil municipal. Un exercice qui sort de l'ordinaire même pour un élu du Front National qui ne cesse de remettre en cause la démocratie et notre République.

Dans la foulée de ce moment décisif pour notre démocratie locale quelques échanges houleux ont suivi, provoqués par des groupies du maire qui n'ont pour seul charme que celui d'oser le pire à visage découvert. Agressifs, hargneux, incapables de s'en tenir au langage unifié et normalisé prôné par le parti qu'ils prétendent soutenir, ils sont à eux seuls plus jouissifs que tout un bataillon d'élus englués dans leur propre importance. Ah que j'aime ces moments-là, quand des personnes prétendument adultes explosent en perdant tout contrôle, comme des pépites brutes qui vous sautent dans les mains à coups de grands éclats de voix mâtinés d'insultes ! L'embarras du maire est un pur moment de plaisir que je savoure comme il se doit...

Pour le reste nous avons attendu tranquillement la Police Nationale qui nous a priés d'évacuer la salle, nous avons obtempéré dans le calme et ils nous ont accompagnés hors de l'enceinte de la mairie. Notre petit groupe d'opposants a noté que des sympathisants et membres du Front National du Gard demeuraient dans la salle du conseil municipal, le maire ayant fait le choix de ne désigner que le public "politisé", c'est-à-dire opposant à sa politique. Car il faut bien comprendre, avant toute autre chose, qu'exprimer des idées politiques contraires à celles de sa majorité municipale n'est pas toléré à Beaucaire ! Comme d'ailleurs dans toutes les villes gérées par l'extrême-droite, s'opposer à ce que le chef pense, décide, fait est criminel. La pensée unique est ce qui nous guette si nous baissons les bras... Julien Sanchez oublie sans doute les longues années passées dans l'opposition pendant lesquelles lui-même et les élus du Front National menaient la vie dure aux élus majoritaires. Aujourd'hui il se permet de couper les micros, insulter les élus d'opposition, attaquer la presse, diffamer et menacer les opposants du public, faire évacuer ceux qui le dérangent, quand lui-même et son groupe d'opposition se comportent de la pire des manières en Conseil Régional. Il nous dénie à nous, beaucairois, toute expression démocratique et pense nous museler en nous promettant plaintes et procès en tous genres.


Lorsqu'il affirme la bouche en coeur "depuis trois ans j'ai été très patient avec l'opposition mais là..." (sic) puis affirme que 98% des beaucairois lui font confiance, réduisant de fait l'opposition dans sa diversité à 2% des administrés, et enfin conseille à Christophe André "si vous voulez gagner en crédibilité ne jouez pas sur les peurs des gens et ne criez pas à la catastrophe" (sic) on ne saurait trop lui conseiller de relire ses promesses de campagne qui employaient ces leviers même qu'il reproche aujourd'hui à l'opposition municipale comme citoyenne.

De ce fatras anti-démocratique, appuyé ce matin par un communiqué mensonger, il ne ressort qu'un fait indiscutable ; Julien Sanchez ne partagera pas ses jouets. Et pour récupérer le fauteuil dans lequel il est assis depuis trois ans il va falloir se battre ! Il n'y a pas plus teigneux qu'un politique qui s'accroche à ses privilèges... Mais tout ceci, le bâtiment qui l'abrite et la ville qui héberge l'ensemble, appartient de plein droit aux beaucairois. A eux, et à eux seuls.