samedi 12 avril 2014

INSECURITES OU INCIVILITES ?

En tête des promesses électorales faites par Julien Sanchez pendant sa campagne pour les municipales il y a bien entendu la sécurité. Car ainsi que chacun le sait Beaucaire est une ville dans laquelle les incivilités et délits mineurs sont taxés d'insécurité au même titre que des actes de grand banditisme. Estimons-nous heureux que ceux-ci ne se se produisent que très rarement, il est probable qu'en cas contraire nous aurions droit à un couvre-feu, à l'armée dans nos rues et que la ville serait sous le coup de la loi martiale.

Cela dit nul ne peut ignorer quelques incidents récurrents tels que des vols de bonbons, de sacs à main, de portables, de vélos... Une ou deux fois par an des voyous téméraires s'avisent de braquer l'un des rares commerces qui n'ont pas encore fermer leurs portes, et bien entendu nous avons des vagues de cambriolages plus ou moins bien orchestrés.

Ce sujet est plus délicat. Les cambrioleurs pénètrent dans l'intimité de nos foyers, s'emparent de biens dont les souvenirs qu'ils évoquent sont souvent plus précieux que leur valeur intrinsèque, et dans le pire des cas nous privent pour un temps de nos télévisions et de nos ordinateurs. Sans télévision plus de vie culturelle, hélas ! Nous voilà délestés du plaisir de nous lover sous un plaid sur notre canapé pour ingurgiter les émissions de télé réalité, les séries télévisées et les quelques débats fétiches à tendance culturo-politiques qui sont les seuls rendez-vous hebdomadaires pour lesquels nous ne sommes jamais ni malades ni en retard ! Obligés de nous rabattre sur l'anorexique vie culturelle de Beaucaire nous pleurons toutes les larmes qui nous restent en errant de bars en bars pour conter notre mésaventure... Le pire étant bien évidemment de nous voler nos ordinateurs, ces outils qui nous relient au vaste monde extérieur et dans lesquels nous enfermons nos secrets les plus noirs et nos fantasmes les plus délirants. Le pauvre cambrioleur qui a de la sorte accès au plus intime de notre vie monotone n'avait jamais imaginé ce qu'il y trouverait, de fait il se découvre immédiatement une vocation de maître chanteur qui arrondit joyeusement ses fins de mois somme toute difficiles. Car il n'y a pas grand-chose à voler à Beaucaire. Au point que quelques obstinés se sont évertués par trois fois à cambrioler la même maison, au risque de se faire prendre ! Ceux-là sont des apprentis voleurs, c'est évident, alors que d'autres, mieux renseignés, choisissent leur cible avec soin. Sous couvert de cambriolage des actes malveillants commis dans un but précis permettent également à certains de se faire remarquer des personnalités de la ville, cela nous l'avons hélas constaté il y a tout juste un mois. Bizarrement, personne à ce moment-là n'y est allé de son couplet sur l'insécurité...

Notre ville abrite son lot de chômeurs, d'indigents vivant en-dessous du seuil de pauvreté, de pauvres familles issues de l'immigration qui ne savent pas dans quel guêpier elles sont venues se fourrer ! Tout ce petit monde a bien entendu des enfants, si mignons jusqu'à l'adolescence où ils deviennent les cibles d'une Police Municipale dont l'inactivité récurrente nous interpelle depuis plusieurs années et d'une Police Nationale qui nous vient de l'autre rive du Rhône parce qu'on nous a privés de la nôtre sous prétexte d'économies injustifiées. Si Beaucaire ne mérite pas d'avoir un commissariat digne de ce nom, c'est très logiquement que l'insécurité n'y est pas si préoccupante qu'on a voulu nous le dire tout au long de cette campagne municipale. Fer de lance de la majorité des têtes de liste, brandie à tout bout de champ pour impressionner les beaucairois apeurés, elle s'est étrangement ramollie depuis l'élection de notre nouveau maire jusqu'à être rebaptisée "incivilités". Un terme que nous employons depuis fort longtemps et que bien peu ont écouté. Un terme qui décrit parfaitement bien ce que les beaucairois, notamment du centre ville, vivent au quotidien. 

Julien Sanchez savait-il tout cela lorsqu'il nous a promis que la sécurité reviendrait dans notre belle cité ? Sans aucun doute. Jouant sur ce mot à l'impact magique qui lui a valu de rameuter des électeurs de tous bords, avivant les craintes, retournant le couteau dans les plaies sans aucun état d'âme, il a fait planer sur Beaucaire l'ombre de la peur et joué au grand méchant dans la cour de maternelle. Avec intelligence et cruauté. "Si tu votes pour moi tu n'auras plus jamais peur !" Et les beaucairois l'ont cru. Les beaucairois se sont fait berner.  Mais il en est des promesses comme de tout ce qui est éphémère, au bout de quelques jours elles s'évanouissent... Le mistral a soufflé sur celles de Julien Sanchez et Beaucaire demeure ce qu'elle était, une ville dans laquelle il y a simplement, comme partout ailleurs, de nombreuses et pénibles incivilités. Mais cela va changer, il l'a promis n'est-ce pas ? En effet. Mais cela c'était avant...

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